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tation des Évangiles, où se découvre l’exagération des idées morbides issues des doctrines néo-platoniciennes, était surtout sortie de la secte des gnostiques. Parmi ceux-ci, les Carpocratiens exagéraient à ce point le principe qu’ils s’abaissaient parfois jusqu’au niveau de la brute. Dans les agapes dont le scandale n’a pris fin que par l’interdiction du concile de Carthage, au IVe siècle, ils s’oubliaient religieusement dans une promiscuité irritante et malsaine ; mais ils voyaient un frère, un égal dans chaque animal.

Mangeaient-ils de la chair ? ils en demandaient pardon à l’animal dont elle provenait. C’était une vraie folie. Et si toute l’Église avait versé dans une telle ornière, on ne pourrait imaginer jamais un plus grand obstacle contre le progrès de l’espèce humaine.

On peut faire la même réflexion sur les prescriptions religieuses de Boudha, où il est recommandé de respecter toute créature vivante, à l’égal de l’homme. Elles n’ont servi qu’à paralyser toute énergie humaine, retirant à l’humanité le stimulant nécessaire pour progresser et réaliser ses hautes destinées.

Il est évident que la supériorité de l’homme sur les autres créatures lui constitue seule un droit indiscutable de se les approprier et de s’en servir comme les éléments indispensables à son développement progressif. Si parmi les races humaines, l’une était reconnue supérieure aux autres, ce serait donc son droit de les asservir, en vertu d’une loi naturelle et logique, qui veut que les plus aptes dominent sur la terre. Sous ce rapport, le grand Stagirite que l’on a tant calomnié, par une fausse et insuffisante interprétation, est irréprochable en tant que logicien. S’il laisse quelque chose à critiquer dans ses déductions, ce n’est pas ses conclusions, mais bien les prémices d’où elles sont tirées. L’esclavage n’est une injustice qu’autant que