Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parler des races et de leurs aptitudes, leurs déductions ne sont-elles pas d’avance frappées d’un cachet de routine et d’empirisme, quand les investigations préalables offrent un si piètre résultat ? Leur interprétation pourra-t-elle jamais être considérée comme le dernier mot de la science ? Plus ils insisteront dans leurs conclusions absolues, luttant contre l’évidence, appuyés sur des procédés aussi imparfaits et d’une application aussi incertaine que ceux que nous avons déjà vus, plus ils perdront de leur prestige, plus ils prouveront enfin leur incompétence, en compromettant le crédit d’une science qui est encore dans les langes, mais dont l’avenir est infiniment respectable.

Mais l’anthropologie, qui est impuissante à nous indiquer les délimitations précises qui séparent un groupe humain d’un autre, sera-t-elle mieux éclairée dans la solution d’une question beaucoup plus complexe et ardue ? Sera-ce en son nom qu’on prononcera dogmatiquement l’inaptitude congénitale et irrémédiable de la plupart de ces mêmes groupes à en égaler d’autres ? Peut-on jamais déterminer les qualités spécifiques, avant la détermination de l’espèce ? En bonne logique, cela paraît absolument impossible. La scolastique qui ne mérite toujours le mépris systématique dont le vulgaire ignorant l’accable, démontrerait avec évidence que l’être doit précéder la manière d’être. Modus essendi sequitur esse, disait l’école. Mais les savants, dont la dialectique est si serrée lorsqu’il faut défendre leurs opinions contre les théories qui leur sont opposées, ne se gênent pas pour si peu.

Nous allons donc voir comment ils essayent, dans l’obscurité même de la science, — in logo dogni luce muto, — de trouver le moyen de mesurer et de comparer les qualités les plus profondément cachées dans la nature humaine, telles que l’intelligence et la moralité, les seules