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des races humaines.

Le sujet est bien digne d’ailleurs de cette émulation où l’on voit toutes les intelligences d’élite essayer de trouver une solution, sans que la controverse prenne jamais fin ; sans que le plus perspicace ou le plus savant ait rencontré une exposition tellement logique, une démonstration tellement claire, que le sens commun y tombe d’accord avec les déductions scientifiques, signalant enfin cette vérité dont on a soif, cette lumière après laquelle on aspire. C’est qu’il s’agit de l’homme : l’être vain, ondoyant et divers de Montaigne, le roseau pensant de Pascal, le primate du professeur Broca. Étudier l’homme, quoi qu’on veuille et sous quelque point de vue que l’on se place, comme naturaliste ou comme philosophe, c’est embrasser l’ensemble des caractères qui constituent l’être humain. Et combien variées ne se présentent pas les questions qui surgissent à chaque instant de l’investigation ! L’homme, c’est le dieu et la bête réunis en des proportions indéfinissables. Que l’on croise sur son chemin un être chétif et malingre, laid et difforme, ajoutant à ces disgrâces de la nature l’horreur des dépravations morales, lâche et malpropre, cynique et rampant, prêt à mordre le pied qu’il lèche et baise, trouvant enfin ses délices dans l’ordure et une joie féroce dans la perpétration du crime ; que plus loin, on se trouve en face d’un sage se livrant en holocauste pour le triomphe de la vérité et l’amélioration de ses semblables, beau et fort, doux et humble, luttant contre l’adversité avec la patience et la constance inébranlables du juste, pourra-t-on jamais se figurer qu’ils sont de la même espèce, de la même famille ? C’est pourtant ce contraste qui fait la grandeur de l’homme. Pouvant descendre jusque dans l’abîme de la plus profonde ignorance et se complaire dans les fanges du vice, il peut aussi monter jusqu’aux sommets lumineux du vrai, du bien et du beau. D’Antinoüs dont la beauté rayonne à Thersite dont la laideur