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Une première contradiction entre les classifications naturelles et les classifications linguistiques, c’est que la race jaune pour la plus grande partie de ses subdivisions, ne se trouve pas placée immédiatement après la race blanche, mais en est séparée par la noire. En effet, d’après la théorie de Jacob Grimm[1], les langues offrent dans leur développement organique une échelle de composition ascendante. Dans les périodes primitives, les mots courts et monosyllabiques, formés seulement de voyelles brèves et de sons élémentaires, sont les seuls en usage. Cette époque a dû coïncider avec l’unité des langues qui n’avaient encore subi aucune différenciation. Ensuite, chaque idiome passe successivement à l’état agglutinant et de là à l’état flexionnel dans lequel on rencontre les langues dites aryennes, aussi haut qu’on puisse remonter dans les fastes du passé. Or, les langues africaines, ayant généralement la forme agglutinante, possèdent donc des qualités morphologiques supérieures à la langue chinoise, type des langues mono- syllabiques, et se rapprochent davantage des langues infléchies.

Ce n’est peut-être qu’un simple détail ; car ce n’est pas pour la première fois que nous voyons le type jaune s’éloigner plus du blanc que ne le fait le type noir. Mais si le premier groupe linguistique, celui des langues isolantes ou monosyllabiques, appartient essentiellement à la race mongolique, il y a bien loin de cette convenance entre les deux autres groupes de langues et les races qui s’en servent. Parmi les peuples parlant les langues agglutinantes, ne trouve-t-on pas, des blancs, des jaunes et des noirs ? Encore que la très grande majorité des peuples qui parlent les langues infléchies appartiennent à la race

  1. Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften zu Berlin, aus dem Jahr 1852.