ces termes : « Le langage, tel que nous le trouvons, est aussi bien une création de l’homme que la peinture ou tel autre des beaux-arts… Le langage appartient à la multitude ; il fait communiquer l’homme avec l’homme ; il est le produit de causes et d’influences combinées qui affectent également tous les hommes[1]. »
Peut-être les idées de M. Renan ne sont-elles pas bien claires sur ce point fondamental. Voici d’ailleurs comme il s’exprime. « Le besoin de signifier au dehors ses pensées et ses sentiments est naturel à l’homme. Tout ce qu’il pense, il l’exprime intérieurement et extérieurement. Rien non plus d’arbitraire dans l’emploi de l’articulation comme signe des idées. Ce n’est ni par une vue de convenance ou de commodité, ni par une imitation des animaux que l’homme a choisi la parole pour formuler et communiquer ses pensées, mais parce que la parole est chez lui naturelle et quant à sa production naturelle et quant à sa valeur[2]. » Subtiles et délicates sont les pensées de l’éminent philosophe ; mais plus subtiles et plus fines sont ses expressions !
En somme, il opine que la parole est un résultat des facultés de l’homme agissant spontanément plutôt qu’une création de l’homme même. C’est à ce point qu’on peut facilement rattacher son opinion à celle de toute l’école théologique en distinguant la parole en puissance de la parole en acte. Dieu l’aura créée dans l’homme sous la première espèce ; mais elle se manifestera sous la seconde. C’est ainsi que l’œil voit ou que l’oreille entend, sous une simple impulsion visuelle ou auditive, sans que l’on puisse logiquement dire que l’homme est le propre créateur de