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IV.

ESSAIS DE CLASSIFICATIONS LINGUISTIQUES.


En s’occupant de l’étude morphologique des langues, on a été prompt à reconnaître qu’elles peuvent se diviser en trois grandes classes. 1° Les langues isolantes ou monosyllabiques, dans lesquelles les racines restent invariables, le rôle des mots dépendant de leur position comme dans le chinois, le cambodgien, l’annamite et le thaï ou siamois, ainsi que les dialectes qui s’y rapportent. 2° Les langues agglutinantes, ou plusieurs racines s’unissent pour former un vocable ou un mot quelconque sans perdre leur signification primitive, l’une conservant son indépendance radicale et les autres se réduisant au rôle de simples signes auxiliaires : comme exemple, on peut citer le turc, le malay, le dravidien et la majeure partie des langues africaines. 3° Les langues inflexionnelles ou amalgamantes, dans lesquelles la racine principale d’un mot et ses désinences admettent également l’altération phonétique, telles que les langues indo-européennes, sémitiques et chamitiques.

Cette division ne semble-t-elle pas répondre à celle de l’espèce humaine en trois grandes races, la jaune, la noire et la blanche ? Une pareille coïncidence dut éveiller l’attention des ethnologues qui se demandèrent bientôt si certains groupes de l’humanité ne seraient pas mieux conformés pour se servir de telle forme de langage plutôt que de telle autre. Si l’on arrivait à une pareille systématisation, ne trouverait-on pas du coup une base taxiologique et une base hiérarchique pour la division des races humaines ? La linguistique ne viendrait-elle pas trancher le nœud gordien qui a défié si longtemps toutes les méthodes naturelles ?

Ces idées une fois lancées, les philologues et les lin-