gres. Cette matière colorante n’est-elle qu’une transformation, une manière d’être différente de la matière colorante du sang ou du pigment ? C’est aux chimistes à répondre[1]. »
Tout ce qu’on vient de lire du savant professeur peut avoir un haut intérêt en anthropologie pathologique. On pourrait par exemple se demander si les particularités qu’il signale ici n’expliquent pas l’immunité, depuis longtemps observée, dont jouissent les hommes de couleur et les noirs (sans doute, les jaunes et les bruns asiatiques aussi) contre la jaunisse ou fièvre ictérique. Le sang ayant acquis l’aptitude physiologique de charrier dans les vaisseaux artériels ou veineux la matière qui colore leur peau ou leurs organes internes, ne subit aucun dérangement morbide en en véhiculant une quantité plus ou moins grande. Mais au point de vue qui nous occupe, l’explication est absolument insuffisante. Et faudra-t-il le dire ? Je crois même que ce n’est pas aux chimistes mais bien aux physiologistes qu’il faut s’adresser pour avoir la lumière sur cette question.
En effet, il n’est pas certain qu’il y ait dans l’organisme humain, trois éléments fondamentaux de coloration qui seraient distinctement figurés par le rouge, le jaune et le noir. Il faut en compter un nombre infini ou ne tenir compte que d’un seul qui est le sang. La biliverdine, comme la bilifuchsine ou la biliprasine, est produite avec la bile, dans la glande hépatique, mais c’est le sang qui fournit au foie tous les matériaux nécessaires pour la former. C’est ainsi que certaine matière mise dans la cornue du chimiste se transforme et change d’aspect, selon les conditions de dosage et de chaleur. La chimie a fait sa tâche en extrayant les matières colorantes de la bile ; c’est au
- ↑ Topinard, loco citato, p. 354.