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préface.

je suis loin de nier que, maintenant encore, il ne lui faille faire bien des efforts, afin de rompre avec certaines habitudes qui ne sont propres qu’à paralyser son essor. Quand on est en retard, il convient peu de s’amuser sur la route.

Je ne me crois ni un preux ni un savant. À la vérité que j’essaye de défendre, je n’apporte que mon dévouement et ma bonne volonté. Mais à quel point ne serais-je pas particulièrement fier, si tous les hommes noirs et ceux qui en descendent se pénétraient, par la lecture de cet ouvrage, qu’ils ont pour devoir de travailler, de s’améliorer sans cesse, afin de laver leur race de l’injuste imputation qui pèse sur elle depuis si longtemps ! Combien ne serais-je pas heureux de voir mon pays, que j’aime et vénère infiniment, à cause même de ses malheurs et de sa laborieuse destinée, comprendre enfin qu’il a une œuvre toute spéciale et délicate à accomplir, celle de montrer à la terre entière que tous les hommes, noirs ou blancs, sont égaux en qualités comme ils sont égaux en droit ! Une conviction profonde, je ne sais quel rayonnant et vif espoir me dit que ce vœu se réalisera.

N’est-ce pas, d’ailleurs, les lois mêmes de l’évolution qui indiquent et justifient une telle aspiration ? N’est-ce pas la fin inéluctable de toute société humaine de marcher, de persévérer dans la voie du perfectionnement, une fois le branle donné ? Il suffit donc de dégager les forces morales, qui sont l’âme du progrès, de toute compression paralysants, pour