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xiv
préface.

lire pour se convaincre de tout ce qu’il y a de profonde logique et de science délicate dans les arguments qu’ils ont su tirer de la sociologie et de la philosophie de l’histoire. Mais on doit tout d’abord se le demander. La doctrine de l’inégalité des races, enfantant les plus sots préjugés, créant un antagonisme des plus malfaisants entre les divers éléments qui composent le peuple haïtien, n’est-elle pas la cause la plus évidente des tiraillements et des compétitions intestines qui ont enrayé et annihilé les meilleures dispositions de la jeune et fière nation ? N’est-ce pas à la croyance inconsidérée qu’on a de son infériorité qu’elle doit l’absence de tout encouragement réel dans son développement social ? N’est-ce pas aux prétentions toujours ridicules des uns et aux revendications souvent maladroites des autres que l’on doit attribuer toutes les calamités qui se sont abattues sur elle ? Pour obtenir tout le résultat qu’on est en droit d’exiger de la race haïtienne, il faut donc attendre que l’instruction, répandue sans réserve dans les masses, vienne enfin refouler et anéantir tous ces préjugés qui sont pour le progrès comme une pierre d’achoppement.

Cette ère arrivera infailliblement. D’autres peuples, plus vieux, ont vécu des jours nombreux et pénibles dans le désordre et la barbarie ; mais à l’heure marquée par le destin, le soleil du progrès et de la régénération vint luire à leur horizon national, sans qu’aucun obstacle pût en éteindre l’éclat. Je trouve en de tels exemples, si éloquents