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pour démontrer que leurs unions sont tout aussi fécondes que celles des individus de race pure.

Ce sont des faits que j’ai constatés de visu, pendant un séjour de plus de six mois, dans la Dominicanie.

En Haïti, ancienne partie française de l’île, dont je puis parler avec une assurance encore plus grande, puisque c’est ma patrie, mon pays natal, on peut facilement faire la même remarque. Le cas prend ici le caractère d’une preuve irréfutable. À l’époque de l’indépendance de l’île, il y était resté peu de blancs. Depuis, il n’en est entré qu’un nombre fort restreint. Ceux-là, n’y arrivant que dans le i but de faire fortune et se rapatrier ensuite, n’y contractent qu’exceptionnellement mariage avec les regnicoles. C’est un fait notoire que, depuis environ quatre-vingts ans, les croisements entre blanches et noirs ou noires et blancs sont devenus un cas tellement rare, qu’on est autorisé à le considérer comme absolument négligeable. Eh bien, malgré cela, la race de couleur c’est-à-dire les mulâtres ont presque doublé en Haïti !

Il est incontestable que leur nombre s’est accru dans un mouvement ascensionnel beaucoup plus accéléré que celui des noirs. Je sais qu’on ne doit pas rattacher ce phénomène à une fécondité supérieure des mulâtres, comparativement à l’une des races mères dont ils sont issus. Il faudrait plutôt en chercher la raison dans l’existence de certaines conditions sociologiques que nous n’avons pas à considérer ici. Mais si on ne doit pas attribuer à la seule influence ethnologique cet accroissement rapide du nombre des mulâtres d’Haïti, malgré l’absence de croisement des deux races dont ils descendent, le résultat, constaté dans de telles occurrences, suffit pour démontrer que ces métis sont indéfiniment féconds entre eux. Aucun tour de force n’est exigé pour établir une telle vérité. Qu’on vienne encore nous demander à quel degré de sang les différentes familles