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railler, contractes de beailler et de riailler ; à âge, blessûre,j’ay pû, ingenûment, assidûment, etc. Les novateurs de l’orthographe le veulent substituer à la place de l’s muette, et escrivent tempéte, béte, óter, etc. »

L’opinion des novateurs a prévalu, et l’Académie a même retranché l’accent circonflexe à la plupart des mots qui ont subi une contraction : railler, blessure, pu, ingénument. Elle l’a conservé à assidûment.

On lit à l’article de la DIVISION :

« La division se met entre deux mots qui, en effet, ne font qu’un, mais qui ne sont pas entierement joincts : comme eux-mesmes, re-saler, re-sumer, francs-fiefs, cordon-bleu, grand-croix, ciel-de-lict, entre-post, etc. On la met aussi entre la troisiesme personne singuliere tant du present de l’indicatif que du futur, et le pronom personnel il et elle, et l’impersonnel on. Exemples : parle-il, mange-elle, diisne-on ceans, ira-il, dira-elle, sonnera-on. C’estoit l’ancienne orthographe, dont la raison est assez connue à ceux qui connoissent la langue françoise du quatorziesme et quinziesme siecle. Mais depuis quelques années on s’est advisé de mettre entre ces mots deux tirets et un t au milieu, de cette sorte, dira-t-il, ira-t-on. Je voy grand nombre de gens qui s’opposent à cet usage, et disent qu’il n’y en a aucune raison, ny aucun exemple chez nos anciens. Mesieurs jugeront si leur opposition est bien fondée ; et chacun marquera, s’il luy plaist, ce qu’il voudroit changer, corriger, retrancher et adjouster à tout ce Traitté, tant pour le gros et pour l’ordre, que pour le détail et pour les exemples. »

Dans sa Grammaire, publiée en 1706 ; Regnier des Marais, qu’on peut supposer avoir été le rédacteur des Cahiers, expose les mêmes pricipes avec plus de développements. (Voir plus loin l’analyse de cette grammaire, p. 136)

Ainsi donc, l’Académie dès 1694 procédait en matière d’orthographe, sous l’influence gréco-latine, en vue d’une conformité aussi intime que possible avec l’écriture du latin littéraire. Bien

bêche, bellâtre, câli, etc. Il y a là une source de nombreuses difficultés pour les étrangers.