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admonester, addresser, advis, advocat. Quelques-uns neanmoins escrivent ENCORE (1) [1] avis, avertissement, avertir et avocat sans d. »

« Preposition e. Devant un mot simple commençant par f, cette consone se double. Exemples : effaroucher, effeminer. Devant toute autre consone que f, on met après la préposition latine un s. exemples : esbattre, esmouvoir, espleurer, esprit, esraller, estester, etc.

« La prepoition sous garde son s. Exemples : sousbarbe, sous-chantre, souslever, souspeser, souspir, soustenir, soustraire. Quelques-uns neantmoins escrivent soupir et soutenir. »

Mais l’Académie, en 1740, a décidé contrairement à la plupart des règles des cahiers de 1694. Il suffit d’indiquer quelques mots extraits de séries complètes du Cahier qu’elle a rectifiés dès sa troisième édition : appanage, appaiser, apercevoir, etc. ; desboetter, desbotter, desborder, desbourser, esbattre, esbranler, escarter, qu’elle écrit les uns par un seul p et les autres sans s.

Dans le Cahier on autorise cependant d’écrire deffaillir et defleurir, deffaire et defricher, et l’on remarque que quelques mots qui n’avaient pas d’h en latin en ont pris en français : « ululare, hurler ; altus, haut ; exaltare, exhausser ; ostreum, huistre ; oleum, huile ; ostium, huis ; octo, huit.»

Voici ce qui est dit à l’article DU CIRCONFLEXE :

« Le circonflexe mis sur une syllabe marque bien qu’elle est longue ; mais ce n’est pas pour cela qu’on l’y met, c’est pour montrer qu’on y a retranché une voyelle, comme on fait en grec aux verbes et aux noms contractes (2) [2]. Par exemple ; on le met en bâiller,

  1. (1) L’habitude d’écrire simplement et d’essayer de figurer la prononciation plutôt que l’étymologie est plus ancienne en France que l’Académie de 1694 ne parait le supposer, car cet usage remonte à l’époque même de nos plus anciens monuments écrits du XIe, du XIIe et du XIIIe siècle (Lois de Guillaume, Apocalypse, Quatre livres des rois, etc.). Le mot appellata que l’Académie de 1694 écrit appellée, est figuré aussi, apeled et apelee ; le tesmoignage (testimonium) est alors testimoine ou tesmoigne ; les yeux, comme écrivait R. Estienne, sont des oils, etc. Il est vrai que, depuis le XIVe siècle, les clercs, fort épris du latin, se sont donné carrière pour saupoudrer de plus en plus leurs transcriptions de lettres étymologiques et souvent de lettres qui ne le sont pas ; mais c’est à partir de la Renaissance de l’antiquité que cette fièvre d’érudition a pris son plus grand développement. Voir plus haut, p. 112.
  2. (2) Cet accent circonflexe joue encore dans notre orthographe le double rôle de marquer la suppression d’une lettre ; comme dans affût, affûtage, aîné, vous arrivâtes, nous crûmes, etc., et de rendre la syllabe longue, comme dans bâche.