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Suivent quelques règles sur la permutation des consonnes ou le maintien des consonnes caractéristiques, règles que l’usage a consacrées ou que l’Académie a abrogées elle-même en 1710.

Cependant, le passage suivant est à noter particulièrement ; il explique et justifie l’abandon des caractères étymologiques dans les mots tirés du grec et devenus d’un usage vulgaire : « Plusieurs aussi escrivent : fantaisie, fantastique, fantasque, fantasme mais d’autres veulent un ph à phantaisie, qui signifie cette faculté de l’âme que les latins appellent imagination ; mais fantaisie qui signifie caprice, bizarrerie, s’escrit avec f. Ce n’est pas que les deux mots n’ayent la mesme origine, mais le dernier, à force d’estre usité et de passer dans les mains de tout le monde, a changé son PH grec en y françois. »

C’est ce dernier précepte qui aurait dû être, appliqué plus rigoureusement dans les éditions successives du Dictionnaire.

« On doit garder, ajoute le Cahier, les doubles consonnes aux mots où il y en avoit dans le latin, par exemple, deux bb, deux cc, deux dd, etc ; D’autre costé, pour l’ordinaire la consonne n’est pas double dans le françois quand elle ne l’estoit point dans le latin. »

Le Cahier, pour être conséquent avec l’exemple qu’il donne en écrivant partout consone avec un seul n, aurait dû supprimer la double lettre à persone, à sonette, à pome, etc., etc.

« Les composez et les derivez suivent l’orthographe de leurs simples. »

Le Cahier passe ensuite en revue les prépostions latines qui entrent dans la composition des mots français. « Quand la préposition a est suivie d’un g ou d’un m, ces consonnes ne se doublent pas, excepté pour le g les mots où il est déjà double en latin. Exemples : aggreger, aggresseur, aggraver, exaggerer. Toute autre consonne que g ou m se double : abbatre, abbonner, abbreuver, abbreger, abbrutir. » Il y a un certain nombre d’exceptions indiquées.

« Avec la préposition ad il y a à distinguer ; quelques-uns enlèvent le d, mais la meilleure orthographe le conserve. Exemples : addonner, adjoint, adjourner, adjouster, adjger, adjuster, admettre, admiral (1) [1], admis, admodier,

  1. (1) On a reconnu plus tard que le mot amiral vient de l’arabe émir. La préposition ad des latins n’avait rien à faire ici.