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ère édition

Dans les Cahiers dressés par l’Académie pour éclairer la discussion des mots du Dictionnaire de 1694, se trouvent des règles de détermination orthographique qu’elle n’a formulées nulle part ailleurs. Ces Cahiers étaient tirés strictement à quarante exemplaires au nom de chacun des membres. Il en existe deux éditions (1) [1]. C’est sur l’exemplaire de Racine, de la première édition, conservé à la bibliothèque impériale, que j’ai transcrit ce qui suit. On y voit établie la règle, du doublement de la consonne avec ses nombreuses exceptions, celle de la composition de nos mots avec les prépositions latines. La loi de la configuration étymologique parait déjà subir de notables restrictions, faites au nom de l’usage. Voici l’analyse de quelques-unes des principales remarques :

« La premiere observation que la Compagnie a cru devoir faire est que, dans la langue françoise, comme dans la pluspart des autres, l’orthographe n’est pas tellement fixe et determinée qu’il n’y ait plusieurs mots qui se peuvent escrire de deux differentes manieres, qui sont toutes deux esgalement bonnes, et quelquefois aussi il y en a une des deux qui n’est pas si usitée que l’autre, mais qui-ne doit pas entre condamnée. Generalement parlant, la Compagnie prefere l’ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres d’avec les ignorans, « ét est d’avis de l’observer par tout, hormis dans les mots où un a long et constant usage en a établi une, differente, L’ancienne orthographe peche quelquefois en lettres super- fluës ; mais il ne faut pas les appeller ainsi quand elles servent à marquer l’origine, comme en ce mot vingt, qui s’escrit de la sorte, encore que le g ne se prononce point, parce qu’il vient du latin virginti. Il n’en est pas de mesme quand l’usage a depuis long-temps reglé le contraire : ainsi on n’orthographie plus le mot escrire avec un p ni escripture. » du Dictionnaire de 1835, avec celle du Dictionnaire de 1694, prête une grande force aux instances de ceux qui veulent améliorer l’état da choses actuel.

  1. M. Ch. Marty-laveaux a réédité en 1863, chez le libraire J. Gay, à trois cents exemplaires, ces deux éditions en les faisant précéder d’une intéressante Introduction.