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laissées par le président Ranconnet ; le Grand Dictionnaire françois-latin du même Nicot, dont le succès se continua d’édition en édition jusqu’en 1618, nous reproduisent également 1’orthographe de Robert Estienne, dont les éditeurs déclarent repre nlre en grande partie le travail. Voici comment s’exprime à ce sujet Jacques du Puys dans la préface de l’édition de 1614 : « Il ne peut que la France ne celebre grandement la mernoire, comme elle se sent auoir été ornée par son industrie, de deffunct Robert Estienne, lequel peut estre dict auoir esté le premier qui a faict que la France, pour ce regard, ne cede à aucune autre nation, tant pour les graces qu’il a eu propres pour l’ornement de cet art d’imprimerie que pour l’amour infini qu’il a porté à l’vtilité publique et le grand labeur et peine qu’il a pris, sans y espargner rien qui ne fast en sa puissance, pour l’aduancer et mener à sa perfection : de quoy font foi tant de beaux et excellens liures et latins et grecs et hébrieux, plus encens recherchez au- iourd’huy que du vivant de l’imprimeur…. » La Perfection du Dictionnaire français « estant de soy tant recommandable et pro- fitable qu’un chaseun sçait, m’a principalement incité à r’impri- mer le dict liure, duquel il y a quelque temps que i’ay recouvré l’exemplaire laissé par deça par le dict Robert Estienne, auant que de partir de France. »

L’édition de 1614 contient environ 26,000 mots avec toutes leurs acceptions alors connues.

Le P. Philibert MONET, de la Compagnie de Jésus, très-habile professeur de langue latine, rompit, dès 1623, avec la tradition léguée aux dictionnaristes par l’autorité, jusque-là incontestée de Robert Estienne. Il fit paraître à cette époque un Parallele des deus langues latine et françoise, complètement perdu aujourd’hui, et que nous ne connaissons que par la préface de son Inventaire des deus langues françoise et latine, publiée à Lyon chez Claude Rigaud en 1635, in-folio. Ce dernier ouvrage, que j’ai eu le bonheur de me procurer récemment, est précieux pour l’histoire de la réforme orthographique modérée, car il en est le code. Il contient 23,000 mots au moins. Le système orthographique de l’auteur est simple et bien conçu : il ne s’attache pas uniquement, comme les phonographes, à figurer la prononciation, et ne fait pas disparaître toutes les lettres dites caractéristiques, mais il ne figure jamais, autant que possible, un même son par deux signes différents. Il écrit, par exemple, dysanterie, diseine, doit (digitus),