Une autre instruction ressort encore de l’examen des mots français contenus dans ce vaste répertoire. La trace des cas figurés conforrnément à la grammaire romane se rencontre à chaque instant, bien qu’à l’époque où il a été commencé (1420), ils eussent disparu de la plupart des manuscrits depuis près d’un siécle. Le Ver écrit premieries de PRIMITAS, commenchemens au singulier, PRINCEPS est traduit par prinches. PRIORATUS devient prioreit, priorte : dignetés ou offiche de prieur. PRIORITAS, premieries. Il en est de même pour le participe passé : ratificatus donne acceptes. INUTILIS donne nient profitables ; ABSTINENS, abstinens, sobres, ABSTINENTIA, abstinence, sobriétés ; ABRENUNTIATIO, renoiemens ; ADEMPLETUS, accomplis, parfait. Il y a cependant des incertitudes : REBELLIS fournit rebelle et rebelles. La plupart des mots très-usités, comme roy, fil (filius), foy (fides), ne prennent pas l’s caractéristique du nominatif latin ou subjectif roman[1].
J’ai fait pour les huit premières colonnes du B le relevé des mots latins du Dictionnaire de Le Ver qui manquent cornplétement aux glossaires latins et à Du Cange lui-même : sur 210 mots, 32 sont inconnus aux lexicographes, c’est-à-dire que près d’un sixième de ce dictionnaire est nouveau ou inédit.
Voici ces trente-deux mots :
balans
balaire
balbere
balbescere
balbiter
balbutia
balbutiens
balbuties
brebis
jougleur (sic)
besguier
idem.
besguement
besguerie
besgans
besguetes, baubetes, parlers de petis enfans. balearius
baleator
balestrum
batestrare getteur à la tandesle
ou abalestrier
getteur à la tandesle
ou abalestrier
abalestre, a Balin (gr.) dicitur
traire aucune chose dabalestre ou ferir d
- ↑ On sait que la langue d’oïl conserva à l’origine le système des cas de la déclinaison latine : seulement elle le simplifia en réduisant à deux seulement les six cas du latin. Le.premier fut le signe du sujet : on l’a appelé enconséquence cas-sujet ou mieux subjectif. Le second servit pour les cornpléments de toute espèce, d’où lui vient le nom de cas-régime ou camplétif. J’expliquerai à l’appendice D, en donnant l’analyse des travaux récents sur la grammaire du vieux français dans leur rapport avec notre orthographe, le mécanisme de ces deux cas : je me bornerai à noter ici que généralement le subjectif romain au singulier conservait l’a finale là où il y avait s ou x dans le primitif latin au singulier.