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Le roi vit le tablier sur la pointe de la lance, et l’accepta comme un signe de bonheur. Il le revêtit de brocart de Roum et l’orna d’une figure de pierreries sur un fond d’or ; il le couronna d’une boule semblable à la lune, et en tira un augure favorable ; il y fit flotter des étoffes rouges, jaunes et violettes, et lui donna le nom de Kawéiani direfsch (l’étendard de Kaweh). Depuis ce temps, tous ceux qui sont montés sur le trône des rois, tous ceux qui ont mis sur leur tête la couronne impériale, ont ajouté de nouveaux et toujours nouveaux joyaux à ce vil tablier du forgeron, ils l’ont orné de riches brocarts et de soie peinte ; et c’est ainsi qu’a été formé cet étendard de Kaweh qui brillait dans la nuit sombre comme un soleil, et par qui le monde avait le cœur rempli d’espérance.

Le monde resta ainsi pendant quelque temps, et l’avenir était obscur. Mais Feridoun, lorsqu’il vit la terre dans cet état, soumise à la domination du méchant Zohak, se présenta devant sa mère, prêt pour le combat, et le casque des rois sur la tête ; il lui dit : « Je dois aller à la guerre, il ne te reste qu’à prier Dieu. Le Créateur est plus puissant que le monde ; joins tes deux mains dans la prière devant lui, dans le bonheur et dans le malheur. » Les larmes coulèrent des cils de sa mère ; elle adressait des prières au Créateur, le cœur plein de sang. Elle dit à Dieu : « Ô maître du monde, je place en