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eu la volonté de m’opprimer, pourquoi as-tu porté la main sur mes fils ? J’avais dix-sept fils, maintenant il ne m’en reste qu’un. Rends-moi ce seul enfant ; pense que mon cœur brûlera de douleur toute ma vie. Ô roi, dis-moi une fois quel mal j’ai fait ; et si je suis sans faute, ne cherche pas un prétexte contre moi. Pense à mon état, ô roi, et n’accumule pas les malheurs sur ma tête. Le temps a courbé mon dos, mon cœur est sans espoir, ma tête pleine de douleur. Je n’ai plus de jeunesse, je n’ai plus de fils, et il n’y a dans le monde aucun lien comme celui qui nous lie à nos enfants. L’injustice doit avoir un milieu et une fin, et la tyrannie même a besoin d’un prétexte ; mais dis-moi sous quel prétexte tu verses des malheurs sur moi. Je suis un homme innocent, un forgeron ; mais le roi a jeté du feu sur ma tête. Tu es roi, et tu as beau avoir la figure d’un serpent, tu me dois justice en cette occasion. Tu es le maître des sept zones de la terre ; mais pourquoi tous les malheurs et toutes les misères sont-ils notre partage ? Tu me dois compte de ce que tu as fait, et le monde en sera stupéfait. Il verra, par le compte que tu me rendras, quel a été mon sort sur la terre, et qu’il a fallu donner à tes serpents les cervelles de tous mes fils. »

Le roi le regarda en écoutant ses discours, et s’étonna de ce qu’il venait d’entendre ; on lui rendit