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bien qu’il soit faible ; car je crains que la fortune ne me trahisse. Il faut que j’augmente ma milice, que je la compose d’hommes, de Divs et de Péris. Oui, je veux rassembler une armée, et y mêler les hommes et les Divs. Il faut que vous y veniez à mon aide, car je ne puis supporter patiemment un tourment pareil. Maintenant il faut que vous m’écriviez une déclaration portant que, comme roi, je n’ai semé que la semence du bien, que je n’ai prononcé que les paroles de la vérité, que je n’ai jamais voulu enfreindre la justice. » Tous les grands, de peur du roi, consentirent à sa demande, et tous, jeunes et vieux, ils certifièrent cette dé claration au gré du serpent impur.

Mais tout à coup se fit entendre à la porte du roi un cri de quelqu’un qui demandait justice. On appela devant le roi l’homme qui se plaignait d’oppression, et on le plaça devant l’assemblée des grands. Le puissant roi lui dit avec un regard consterné : « Nomme celui qui t’a fait tort. » L’homme cria, frappa sa tête de ses mains en voyant le roi, et dit : « Je suis Kaweh ; ô roi, je demande justice. Rends-moi justice ; je suis venu en hâte, et c’est toi que j’accuse dans l’amertume de mon âme. Si tu voulais être juste, ô roi, tu augmenterais ta propre fortune. Il y a longtemps que tu exerces sur moi ta tyrannie, et tu m’as souvent enfoncé un poignard dans le cœur. Si tu n’as pas