Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

devant les cuisiniers, deux hommes dans la fleur de la jeunesse, que les gardes du roi chargés de ses exécutions avaient pris, et qu’ils jetèrent la face contre terre. Le cœur des cuisiniers était plein de douleur, leurs deux yeux pleins de sang, leur tête remplie du désir de vengeance. Ils se regardèrent l’un l’autre, et eurent horreur de la cruauté du roi de la terre. Ils tuèrent l’un des deux, car ils ne savaient aucun moyen de faire autrement, puis ils prirent la cervelle d’un mouton et la mêlèrent à la cervelle de l’homme. Ils accordèrent vie et protection à l’autre, et lui dirent : « Prends les moyens de te sauver secrètement ; garde-toi de séjourner dans une ville habitée ; ta part dans le monde sera le désert et la montagne. » Au lieu de sa tête, ils prirent la vile tête de l’animal, et en firent un ragoût pour les serpents. De cette manière, trente jeunes gens étaient sauvés chaque mois ; et lorsque les cuisiniers en avaient rassemblé deux cents, ils leur donnaient quelques chèvres et quelques moutons, sans que les jeunes gens sussent de qui leur venait ce don, et ils les envoyaient dans le désert. C’est d’eux qu’est née la race actuelle des Curdes, qui ne connaissent aucune habitation fixe, dont les maisons sont des tentes, et qui n’ont dans le cœur aucune crainte de Dieu. La conduite de Zohak le pervers fut telle que, lorsque l’envie lui en prenait, il choisissait un de ses hommes de guerre, et le met-