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de la lune. On les amena an palais de Zohak ; on les livra à ce monstre à tête de serpent, qui les éleva dans les voies de la méchanceté, et leur enseigna la perversité et la magie. Il ne pouvait enseigner que l’amour du mal, que la dévastation, le meurtre et l’incendie.

Le cuisinier amenait chaque nuit dans le palais du roi deux jeunes gens, tantôt d’humble naissance, tantôt de noble origine, pour en préparer un remède à Zohak. Il les tuait, ôtait leurs cervelles et en faisait une nourriture pour les serpents. Or il y avait dans le pays du roi deux hommes purs, deux hommes nobles, de race Parsi : l’un se nommait Irmaïl le pieux ; l’autre, Guirmaïl le clairvoyant. Il arriva qu’un jour se trouvant ensemble, ils parlèrent de toute chose, grande et petite, du roi injuste, de son armée, et de ces horribles coutumes dignes de lui. L’un dit : « Nous devrions, par l’art de la cuisine, nous introduire auprès du roi, et appliquer notre esprit à imaginer quelque moyen de sauver chaque jour un de ces deux hommes dont on verse le sang. » S’étant mis à l’œuvre, ils apprirent l’art du cuisinier, et réussirent à apprêter les mets dans les justes proportions. Alors ces deux hommes prudents se chargèrent de la cuisine du roi avec une joie secrète ; et lorsque le temps fut venu de verser le sang des victimes, et de les arracher à la douce vie, on amena en hâte, et en les maltraitant