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nèrent à ce jour le nom de jour nouveau (Neurouz) : c’était le jour de la nouvelle année, le premier du mois Ferverdin. En ce jour, le corps se reposait de son travail, le cœur oubliait ses haines. Les grands, dans leur joie, préparèrent une fête ; ils demandèrent du vin, des coupes et des chanteurs ; et cette glorieuse fête s’est conservée, de ce temps jusqu’à nous, en souvenir du roi.

Ainsi s’étaient passés trois cents ans, pendant lesquels la mort était inconnue parmi les hommes. Ils ne connaissaient ni la peine, ni le malheur, et les Divs étaient ceints comme des esclaves. Les hommes étaient attentifs aux ordres de Djemschid, et les doux sons de la musique remplissaient le monde. Ainsi passèrent les années : Djemschid brillait de la splendeur des rois ; le monde était en paix par les efforts de ce maître fortuné. Le roi reçut toujours de nouveaux messages de Dieu, et pendant longtemps les hommes ne virent en lui rien que de bien. Le monde tout entier lui était soumis, et il était assis dans la majesté des rois ; mais tout à coup il fixa son regard sur le trône du pouvoir, et ne vit plus dans le monde que lui-même ; lui qui avait rendu jusque-là hommage à Dieu, devint orgueilleux, il se délia de Dieu et ne l’adora plus. Il appela de l’armée tous les grands de l’empire et leur fit beaucoup de discours ; il dit à ces vieillards puissants : « Je ne reconnais dans le monde