Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

héros, il lança contre terre le jeune roi, et lui déchira les entrailles avec ses ongles. Siamek expira sous les mains du Div maudit, et son armée resta sans chef. Le roi apprit la mort de son fils, et, dans sa douleur, le monde devint noir devant lui : il descendit de son trône en gémissant, il se frappait la tête, il arrachait avec ses ongles la chair de son corps ; ses joues étaient pleines de sang, son cœur était désolé, et la vie était devenue pour lui une angoisse. L’armée était en tristesse et en larmes, et le feu de sa douleur la dévorait. Elle poussa un cri lamentable, tous les soldats se rangèrent autour du trône du roi ; leurs vêtements étaient de couleur bleue, leurs deux yeux pleins de sang, leurs deux joues rouges comme le vin. Les animaux féroces, les oiseaux et les bêtes fauves allèrent en foule vers la montagne en poussant des cris ; ils vinrent se lamentant et se désolant, et la poussière s’éleva devant le trône du roi. Ils demeurèrent là une année dans leur douleur, quand vint un message de Dieu le créateur. Le bienheureux Serosch porta au roi la bénédiction divine, et lui dit : « Dorénavant ne gémis plus et reprends ton cœur ; prépare ton armée, mène-la au combat selon mes ordres, et réduis en poussière l’armée des Divs ; délivre la face de la terre de ce méchant Div, et satisfais ton âme par la vengeance. » Le roi illustre leva la tête vers le ciel, et invoqua le malheur sur ses