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éloquence et d’une voix douce. Il me dit : « Que faut-il que je fasse, pour que ton âme se tourne vers ce poëme ? Tout ce que j’y peux faire, je le ferai, et je n’ai pas besoin de m’adresser à un autre pour te secourir. » Il me gardait comme un fruit frais, et aucun orage ne pouvait plus me porter malheur. Je m’élevais de la terre basse jusqu’au firmament par la générosité de ce noble prince, aux yeux duquel l’or et l’argent ne valaient pas plus que la poussière, et qui ornait sa haute naissance par la grâce et la gloire. Le monde entier était méprisable devant lui ; il était jeune, et digne de confiance ; il y a peu d’hommes tels que lui parmi la foule : il était comme un haut cyprès parmi les plantes d’un jardin. Je ne l’ai revu ni vivant, ni mort, lorsqu’il était tombé entre les griffes de ses assassins, semblables à des crocodiles. Hélas, cette taille ! Hélas, ce nombril ! Hélas, cette force et cette stature royale ! Celui dont il avait conquis le cœur fut désespéré de sa mort ; mon âme tremblait comme tremble une feuille. Je veux mentionner un conseil qu’il m’a donné, pour détourner mon esprit de ce malheur vers le souvenir de sa bonté. Il me dit : « Quand tu « auras écrit ce livre des rois, donne-le aux rois. » Mon cœur fut heureux de ces paroles, et mon âme devint joyeuse et satisfaite. Je commence donc ce