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lait les ailes des vautours, son venin dévorait la terre. Il aurait tiré de l’eau le crocodile farouche, et de l’air l’aigle aux ailes rapides. La terre devenait vide d’hommes et d’animaux, et toute créature lui cédait la place. Lorsque je vis que personne sur la terre n’osait engager le combat avec lui, je bannis loin de mon cœur toute crainte et, me fiant à la force que m’a donnée Dieu le saint, je me ceignis au nom du Tout-Puissant, je m’assis sur mon cheval qui ressemble à un éléphant ; à sa selle était suspendue ma massue à tête de bœuf, à mon bras mon arc, et mon bouclier à mon cou. Je partis comme un crocodile furieux ; j’avais pour moi une main agile, il avait pour lui une haleine dévorante. Tous ceux qui virent que je voulais lever la massue contre le dragon me dirent adieu. J’arrivais près de lui, et je le vis semblable à une grande montagne, traînant par terre les poils de sa tête pareils à des cordes. Sa langue était comme un tronc noir, sa gueule était béante et pendait sur le chemin ; ses deux yeux ressemblaient à deux bassins remplis de sang. Il me vit, hurla et vint à moi avec rage ; il me semblait, ô roi, qu’il était rempli de feu ; le monde était devant mes yeux comme une mer, et une fumée noire volait vers les nuages sombres. Ses cris faisaient trembler la terre, et le monde devenait par son venin semblable à la mer de la Chine. Je poussai