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qu’à les rendre luisantes, puis elle dit à Roudabeh : « Ô lune de noble race ! pourquoi as-tu préféré un abîme au trône ? Qu’y a-t-il dans le monde, en fait de bonne conduite, que je ne t’aie pas enseigné en public et en secret ? Pourquoi fais-tu ce qui est mal ? Ô ma fille au visage de lune ! dis à ta mère tous tes secrets. De la part de qui vient cette femme ? Pourquoi vient - elle chez toi ? De quoi s’agit-il ? et qui est l’homme à qui sont destinées cette belle tiare et cette bague ? Le trésor de la puissante couronne des Arabes nous a attiré beaucoup de bonheur et beaucoup de maux. Veux-tu donc livrer ainsi ton nom au vent ? Quelle mère a jamais mis au monde une fille comme toi ? »

Roudabeh baissa les yeux, regarda ses pieds, et resta toute honteuse devant sa mère ; elle versa des larmes d’amour, elle baigna ses joues du sang de ses yeux ; puis elle dit à sa mère : « Ô ma sage mère ! l’amour fait de mon âme sa proie. Plût à Dieu que ma mère ne m’eût jamais mise au monde ! alors je n’aurais fait ni le bien, ni le mal. Le roi de Zaboulistan s’est arrêté à Kaboul, et c’est ainsi que son amour m’a placée sur un siège de feu, et le monde est devenu si étroit pour mon cœur, que je me suis consumée dans cette flamme ouvertement et en secret. Je ne peux vivre sans voir son visage ; le monde ne vaut pas pour moi un seul de ses cheveux. Sache qu’il m’a vue et