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envoyaient en retour des présents à l’auteur. Mais ces ressources accidentelles ne l’enrichissaient pas, car comptant sur la promesse de Mahmoud il dépensait à mesure et n’amassait point. Quelques-uns de ces témoignages de sympathie fournirent même un nouvel aliment aux haines auxquelles il était exposé. Ainsi une copie de l’épisode de Rustem et d’Isfendiar ayant été apportée à Rustem, fils de Fakhr-al-daulet le Dilémite, celui-ci donna au porteur cinq cents pièces d’or et envoya le double de cette somme au poëte, l’invitant en outre à venir chez lui où il lui promettait la plus gracieuse réception. Hasan Meïmendi ne manqua pas de faire à Firdousi un crime d’avoir accepté cette faveur d’un prince dont Mahmoud était l’ennemi politique et religieux.

De leur côté, poètes et scribes, jaloux de Firdousi, discutaient, dans les assemblées du sultan, le mérite de son œuvre, allant jusqu’à prétendre qu’il était entièrement dû à l’intérêt des sources, et nullement à son talent poétique. Ses amis le défendaient, et, après une de ces discussions, le sultan et ses familiers convinrent de lui donner un épisode qu’il mettrait en vers le jour même, de façon à ce qu’on pût voir, par la comparaison de sa composition avec l’original, ce qui appartenait au mérite de l’exécution. On choisit l’histoire du combat de Rustem avec Aschkebous Keschani. Firdousi rédigea, le jour même, sa version poétique, telle qu’on la trouve dans le Livre des Rois,