Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/208

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les grands de l’empire riront de moi en public et en secret à cause de cet enfant. Je quitterai de honte l’Iran, je donnerai ma malédiction à ce pays. »

Il parla ainsi dans sa colère ; son visage étincelait, il maudissait son sort ; puis il ordonna qu’on enlevât l’enfant et qu’on le portât loin de ce pays. Or il y avait une montagne appelée Alborz ; elle était près du soleil et loin de la foule des hommes. C’est là qu’avait son nid le Simurgh ; c’est dans ce lieu qu’il se tenait éloigné du monde. Ils exposèrent l’enfant sur la montagne et s’en retournèrent, et un long temps se passa.

L’enfant innocent du héros ne distinguait pas encore le blanc du noir ; son père avait brisé avec mépris l’amour et les liens qui devaient rattacher à lui ; mais son père l’ayant rejeté, Dieu en eut soin. Une lionne qui avait rassasié de lait son petit dit à ce sujet : « Quand je te donnerais le sang de mon cœur, je ne t’imposerais pas de reconnaissance ; car tu m’es aussi cher que mes yeux et mon âme, et mon cœur se briserait si l’on t’arrachait à moi. » L’enfant resta ainsi dans ce lieu un jour et une nuit sans abri ; quelquefois il suçait son doigt, quelque-fois il poussait des cris. Les petits du Simurgh ayant faim, le puissant oiseau s’éleva de son nid dans l’air ; il vit un enfant qui avait besoin de lait et qui criait, il vit la terre qui ressemblait à la mer bouil-