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sur une espèce de pupitre. En face de lui se tiennent des musiciens qui raccompagnent et des danseuses qui, se conformant au rythme de la musique, s’inclinent à droite et à gauche.

Mahmoud ordonna à Khodjah Hasan Meïmendi de payer au poêle mille pièces d’or pour chaque millier de distiques ; mais Firdousi demanda à ne recevoir qu’à la fin du poëme la somme totale qui lui serait due, dans l'intention d’accumuler un capital suffisant pour pouvoir bâtir la digue dont il avait tant désiré la construction dans son enfance.

Il était alors dans la première vogue de la faveur, et ne pensait pas qu’elle put changer, ne soupçonnant pas les haines de toute espèce dont il allait être l’objet. Le bienveillant accueil que lui avaient réservé les personnes les plus considérables de la cour n’avait point tardé, en effet, à exciter la jalousie de Hasan Meïmendi qui bientôt commença à refuser au poëte tout ce qu’il demandait, en sorte qu’il était réduit à se plaindre de manquer de pain, alors qu’il consacrait tout son temps au travail ordonné par le sultan. Il semble avoir eu à lutter presque continuellement contre le besoin ; ses plaintes sur la vie qu’il menait à la cour sont des plus amères.

Cependant sa gloire s’étendait rapidement ; à peine un épisode de son poëme était-il achevé que des copies s’en répandaient dans toute la Perse, et les plus généreux parmi les princes qui les recevaient,