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colère ; mais la plaine était tellement couverte de morts et de blessés, que le chemin en devenait difficile pour ceux qui marchaient. Le jeune roi, plein de rage et de rancune, était monté sur son rapide cheval blanc ; il avait jeté l’armure de son cheval pour aller plus vite, et il le lança au milieu de la poussière de l’armée. Il serra de près le roi de Roum et lui cria : « Ô homme sans foi et sans honte ! tu as tué ton frère pour un diadème ; tu en as trouvé un : jusqu’à quand courras-tu dans le chemin ? Maintenant, ô roi ! je t’apporte une couronne et un trône, car cet arbre royal porte fruit. Ne fuis pas devant la couronne de la puissance, car Feridoun t’a préparé un trône nouveau. L’arbre que tu as planté porte ses fruits, et tu vas les trouver dans ton sein : s’il ne porte que des épines, c’est toi qui les a semées ; si c’est une étoffe de soie, c’est toi qui l’as filée. »

Tout en parlant, il lança son cheval, et ayant atteint Selm, il lui asséna soudain sur la nuque un coup d’épée, et lui coupa le corps en deux ; puis il ordonna qu’on prît sa tête, et qu’on la levât haut dans l’air sur une lance. L’armée de Selm demeura stupéfaite d’une telle force, d’un tel bras de héros ; toute l’armée était comme un troupeau que dissipe un jour de neige, elle s’enfuit par troupes sans suivre aucune route, et se dispersa dans les plaines, les cavernes et les montagnes. Or il y eut un homme