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autres. » Les chefs de l’armée, les grands pleins de courage, se rangèrent devant le roi au cœur de lion, et lui dirent : « Nous sommes des esclaves, et ne vivons que pour le roi ; ce qu’il nous ordonnera, nous le ferons sans hésiter, nous convertirons avec nos épées la terre en un Djihoun de sang. » Puis ils retournèrent vers leurs tentes, tous méditant des moyens de vengeance.

Lorsque la lumière commença à rayonner du côté du levant, et à déchirer les ténèbres de la nuit, Minoutchehr s’élança du centre de l’armée, portant une cuirasse, une épée et un casque de Roum. Toute l’armée poussa un cri ; ils levèrent leurs lances vers les nuages, la tête pleine de colère et les sourcils froncés ; ils roulèrent sous leurs pas la surface de la terre comme un tapis. Le roi plaça avec art la gauche et la droite, le centre et les ailes de l’armée. La terre ressemblait à un vaisseau sur la mer dont on dirait qu’il va sombrer. Le roi fit sonner des trompettes sur le dos des éléphants de guerre, la terre tremblait comme les vagues du Nil. Devant les éléphants se trouvaient les timbaliers bruyants, et furieux comme des lions qui s’élancent. Tu aurais dit que c’était un banquet, tant y résonnaient les clairons et les trompettes. Les armées s’ébranlèrent comme des montagnes et s’avancèrent des deux côtés par pelotons. La plaine devint comme une mer de sang ; tu aurais dit que la surface de la terre était couverte