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les hauts cyprès, et les arbres qui versent des roses, et les saules et les cognassiers. Il jeta de la terre noire sur le trône, et les cris de l’armée montèrent jusqu’à Saturne. Il poussait des soupirs, il arrachait ses cheveux, il versait des larmes et se meurtrissait la face ; il se ceignit d’une ceinture teinte de sang, et lança du feu dans le palais que son fils avait habité. Il dévasta son jardin de roses et brûla ses cyprès ; il ferma entièrement l’œil de la joie. Il embrassa la tête d’Iredj, tourna sa face vers le Créateur, et dit : « Ô maître du monde, dispensateur de la justice ! regarde cet innocent qui a été assassiné ; sa tête coupée par l’épée est devant moi, son corps a été dévoré par les lions de ce peuple. Brûle les cœurs de ces deux méchants, de sorte qu’ils ne voient jamais que des jours malheureux ; fais qu’ils soient percés par la brûlure de leurs entrailles, de telle sorte que les bêtes féroces en aient pitié. Je désire, ô Dieu créateur du monde, que le sort me laisse assez de vie pour que je voie un héros né de la race d’Iredj se ceindre pour le venger, et trancher la tête de ces deux méchants comme ils ont coupé la tête de cet innocent. Quand j’aurai vu cela, il me conviendra d’aller là où la terre mesurera ma stature. »

Il pleura ainsi dans son amertume, si longtemps que l’herbe crût et s’éleva jusque sur son sein. La terre était sa couche, et la poussière son lit, et ses