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tous ses braves déchirèrent leurs vêtements, leurs joues étaient noires, leurs yeux étaient blancs, car ils avaient espéré voir autre chose. Le jeune roi étant revenu de cette manière, l’armée s’en retourna de la rencontre qu’elle lui avait préparée, ses étendards en lambeaux, ses timbales tournées à contresens, les joues des nobles devenues noires. Les timbales et les éléphants étaient couverts de crêpes, les chevaux arabes étaient peints en bleu. Le roi était à pied, à pied était son armée. Ils reprirent leur chemin, la tête couverte de poussière. Les héros poussaient des cris de douleur, les nobles arrachaient la chair de leurs bras. Ne te fie pas à l’amour que te porte le sort, le propre d’un arc n’est pas d’être droit. Le ciel tourne au-dessus de nous de manière à nous ravir bientôt la face qu’il nous a présentée. Lorsque tu le traites en ennemi, il te témoigne de l’amour ; quand tu l’appelles ton ami, il ne te montre pas son visage. Je te donnerai un bon conseil : lave ton âme de l’amour de ce monde. L’armée, dont le cœur était brisé, et le roi, qui poussait des cris de douleur, se tournèrent vers le jardin d’Iredj, où était la grande salle des banquets dans les jours où l’on célébrait les fêtes des rois. Feridoun entra en chancelant, pressant contre son cœur la tête du jeune roi son fils. 11 jeta les yeux sur ce trône impérial, puis il regarda la tête sans couronne de son fils, et le bassin royal du jardin, et