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affliger le cœur de personne. Je ne demande pas la possession de ce monde, si cela vous attriste, quand même je resterais loin de nos regards. Je suis habitué à être humble, et ma foi me commande d’être humain. »

Tour écouta toutes ces paroles, mais il n’y fit aucune attention. Il n’approuva pas ce discours, et l’esprit de paix d’Iredj ne le satisfit pas. Il se leva de son siège en colère, il lui répondit en bondissant à chaque parole. Tout à coup il quitta la place où il avait été assis, il prit avec sa main son lourd siège d’or, et en frappa la tête du roi, maître de la cou- ronne, qui lui demanda grâce pour sa vie, en disant : « N’as-tu aucune crainte de Dieu, aucune pitié de ton père ? Est-ce ainsi qu’est ta volonté ? Ne me tue pas, car à la fin Dieu te livrera à la torture pour prix de mon sang. Ne te fais pas assassin, car, de ce jour, tu ne verras plus trace de moi. Approuves-tu donc, et peux-tu concilier ces deux choses, que tu aies reçu la vie, et que tu l’enlèves à un autre ? Ne fais pas de mal à une fourmi qui traîne un grain de blé ; car elle a une vie, et la douce vie est un bien. Je me contenterai d’un coin de ce monde, où je gagnerai ma vie par le travail de mes mains. Pourquoi t’es-tu ceint pour le meurtre de ton frère ? Pourquoi veux-tu brûler le cœur de ton vieux père ? Tu as désiré la possession du monde, tu l’as obtenu ; ne verse pas de sang,