Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est qu’il avait des habitudes studieuses et retirées ; son plus grand plaisir était de s’asseoir sur le bord d’un canal d’irrigation qui passait devant la maison de son père. Or, souvent la digue qui était établie dans la rivière de Thous pour faire affluer Veau dans le canal, et qui n’était bâtie qu’en fascines et en terre, était emportée par les grandes eaux, de sorte que le canal demeurait à sec : l’enfant se désolait et ne cessait de souhaiter que la digue fût construite en pierre et en mortier, se doutant peu que ce souhait influerait puissamment sur sa destinée et, grâce à lui, pourrait s’accomplir, mais seulement après sa mort.

À part cela, on ne sait rien de la vie de Firdousi jusqu’à son âge mûr, si ce n’est qu’il se maria, sans doute avant l’âge de vingt-huit ans, car il perdit son fils unique âgé de trente-sept ans, lorsqu’il était lui-même dans sa soixante-cinquième année.

Il s’était occupé de bonne heure à mettre en vers les traditions épiques, et, lorsqu’il apprit la mort de Dakiki qui dut avoir lieu à peu près l’an 360 de l’hégire, il fut saisi d’un vif désir d’entreprendre lui-même le grand ouvrage que Dakiki avait à peine commencé. Il eut le bonheur d’obtenir le recueil pehlewi de Danischwer qu’il avait tant désiré posséder. Un de ses amis, Mohammed Leschkeri, lui rendit ce grand service et l’encouragea dans sa détermination.

Il commença son grand travail à l’âge de trente-six ans. Il travaillait au commencement en secret,