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longtemps ; il amena ses trois filles à la face de soleil, pareilles aux jardins du paradis ; jamais Mobed n’avait planté un pin aussi beau qu’elles. Elles étaient ornées de couronnes et de joyaux, et n’avaient jamais éprouvé de peine. Leurs boucles de cheveux avaient seules ressenti la douleur d’une torture. Il les amena et les donna toutes les trois aux princes ; c’étaient trois lunes nouvelles et trois rois pleins de bravoure. Le roi de Iemen se dit, dans l’amertume de son âme : « Ce n’est pas Feridoun qui est cause de mon malheur, c’est moi-même ; puissé-je ne jamais apprendre qu’une fille soit née de la race de ces mâles princes ! Sache qu’il a une bonne étoile, celui qui ne possède pas de filles, et que celui qui en a ne connaîtra pas le bonheur. » Puis Serv dit devant tous les Mobeds : « Les rois sont des époux convenables pour ces lunes. Sachez que je leur ai donné, selon nos coutumes, mes trois filles chéries, pour qu’ils les gardent comme leurs propres yeux, pour qu’elles soient devant leurs cœurs comme leurs propres âmes. » Il le dit à haute voix, et on se mit à préparer les bagages des fiancées, et à les placer sur le dos de chameaux indomptés. Le Iemen resplendissait de joyaux, et les litières en longue file se suivaient ; car quiconque a des enfants bien réglés, illustres et chers à son cœur, que lui importe que ce soient des fils ou des filles ? Le roi plaça les litières