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prince illustre, que tu as trois filles pures, à la face voilée, dans ton appartement de femmes, dont aucune ne porte encore de nom, et mon cœur s’est réjoui à cette nouvelle ; car moi aussi, comme de raison, je n’ai pas donné de noms à mes glorieux fils. Maintenant, ô roi, il faut mêler ensemble ces deux espèces de nobles joyaux, ces trois princesses à la face voilée, aux princes destinés à porter le diadème ; ils sont dignes les uns des autres, et personne ne pourra nous en blâmer. Voilà le message que Feridoun m’a donné, et en retour fais-moi connaître tes intentions. »

Le roi de Iemen, entendant ce message, devint pâle comme le nénuphar qu’on arrache de l’eau. Il dit en lui-même : « Si mon œil ne voyait plus ces trois lunes devant ma couche, le jour brillant deviendrait pour moi une nuit sombre ; il ne faut donc pas que j’ouvre mes lèvres pour une réponse. Je raconterai mon secret à mes filles ; elles seront mes confidentes en toute chose. Il ne faut pas que je me presse de répondre, car j’ai à délibérer avec mes conseillers. » Il choisit une demeure pour le messager, puis se mit à réfléchir ; il se leva et renvoya sa cour, et s’assit pensif et en angoisse ; puis il appela devant lui la foule des chefs expérimentés des cavaliers du désert, armés de lances ; il leur dévoila tout son secret, disant : « Par la faveur du sort et par l’union que j’ai contractée, j’ai