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leur de rose dans le fleuve. Tous ses compagnons serrèrent leurs ceintures, tous se précipitèrent ensemble dans le fleuve sur leurs chevaux aux pieds de vent ; ils enfonçaient dans l’eau jusqu’au-dessus des selles, et les têtes de ces fiers guerriers furent saisies de vertige lorsque leurs chevaux plongèrent dans les flots ; du milieu du fleuve ils levèrent leurs corps et leurs bras comme des têtes de spectres dans une nuit sombre. Ils atteignirent la terre, avides de vengeance, et se dirigèrent vers Beitul-Mukaddes. (Quand on parlait pehlevi, on l’appelait Gangui-Dizhoukht ; aujourd’hui, en arabe, nommez-la la maison sainte.) Sache que c’était le palais élevé de Zohak.

En sortant du désert, ils s’approchèrent de la ville dont ils cherchaient la possession ; de la distance d’un mille, Feridoun jeta un regard sur cette ville royale, et y vit un palais dont les murs s’élevaient plus haut que Saturne ; on aurait dit qu’il était construit pour arracher les étoiles du ciel. Il brillait comme Jupiter dans la sphère céleste ; c’était un lieu de joie, de repos et de plaisir. Feridoun reconnut que c’était là le palais du dragon, car c’était un lieu vaste et plein de magnificence. Il dit à ses compagnons : « Je crains celui qui a pu construire avec cette poussière obscure et faire sortir du fond de la terre un palais si élevé, je crains qu’il n’y ait un concert secret entre la for-