Page:Finot - Les Lapidaires indiens.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

INTRODUCTION


I. La ratnapariksâ, art de juger des pierres précieuses : son origine et sa place dans la culture indienne. — II. Sources de la ratnapariksâ. — III. Objet et méthode des ratnaçâstras. — IV. Résumé de la ratnapariksâ. — V. Observations sur la présente publication.


I

Gemmiferi amnes sunt Acesinus et Ganges, terraram autem omnium maxime India[1]. Ce mot de Pline est longtemps resté vrai : jusqu’à l’ouverture des mines du Brésil, au commencement du XVIIIe siècle, l’Inde a été pour le monde entier le grand marché des pierres précieuses. De ce trafic incessant sortit peu à peu une série de règles propres à guider les marchands indiens dans l’estimation des gemmes et à devenir la loi commune des transactions. On catalogua les pierres ; on les distribua en espèces et en variétés ; on apprit à en mesurer la densité, la coloration, l’éclat ; on dressa la liste de leurs qualités et de leurs défauts. Tous les gîtes furent relevés, et une comparaison attentive permit de distinguer les pierres de même espèce provenant de localités différentes. Plus tard, lorsque d’habiles faussaires multiplièrent les imitations, il fallut découvrir le moyen de reconnaître les gemmes authentiques. Enfin on nota soigneusement les propriétés bienfaisantes ou funestes qu’on crut remarquer en elles. L’ensemble de ces observations forma un corps de doctrine appelé ratnapariksâ, l’« appréciation des gemmes ».

La plus ancienne mention de la ratnapariksâ est vraisembla-

  1. Plinii Hist. nat., XXXVII, 76.