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92. Et la gloire ! Pour elle, ils sacrifient leurs biens et leur vie. Les mots sont-ils donc mangeables ? Une fois mort, goûtera-t-on ce plaisir ?

93. Comme un enfant, lorsque sa maison de sable est démolie, pousse des cris de détresse, ainsi m’apparaît mon cœur devant la ruine de ma réputation et de ma gloire.

94. La louange est un son vide de pensée, dont tu ne peux dire qu’il te loue ! Tu dis qu’un autre est satisfait de toi, et que telle est la cause de ta joie.

95. Qu’elle s’adresse à un autre ou à moi, que me fait cette satisfaction d’autrui ? C’est lui seul qui éprouve ce plaisir, je n’en ai pas la moindre part.

96. Si je me proclame heureux de son bonheur, alors je dois l’être dans tous les cas. Pourquoi donc le bonheur qu’il trouve dans son affection pour un autre ne me cause-t-il aucun plaisir ?

97. Ainsi la joie naît en moi, parce que c’est moi qu’on loue ; et c’est là une conduite aussi incohérente que celle d’un enfant.

98. Les louanges ruinent à la fois la paix de l’âme et la crainte du péché ; elles engendrent la jalousie à l’égard des hommes de mérite et le dépit de leur prospérité.

99. Donc ceux qui se lèvent pour détruire ma réputation n’ont pour fonction que de me préserver des enfers.