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aumône, elle resterait dans la maison de son bienfaiteur : dans tous les cas elle ne serait pas pour toi. Que t’importe qu’elle lui soit donnée ou non ?

85. Faut-il donc qu’il écarte le fruit de ses mérites, les bontés qu’on a pour lui, ses propres qualités ; qu’il refuse ce qu’on lui offre ? Où s’arrêtera ta mauvaise humeur ?

86. Non seulement tu ne déplores pas le mal que tu as fait, mais tu jalouses ceux qui ont fait le bien !

87-88. Si un malheur arrive à ton ennemi, pourquoi t’en réjouir ? Ce n’est pas ton souhait qui a pu modifier la loi de causalité. Et fût-il réalisé par ton souhait, en quoi ce malheur peut-il faire ton bonheur ? Si tu en profites, quelle perte est pire que ce profit ?

89. C’est un hameçon terrible que l’envie, tendu par ces pêcheurs que sont les Passions : ils te vendront aux démons infernaux qui te feront cuire dans leurs chaudières.

90. Louanges, gloire, honneurs ne servent ni au mérite, ni à la durée de la vie, ni à la force, ni à la santé, ni au bien-être physique.

91. Or ceux-ci sont les seuls biens auxquels aspire l’homme intelligent qui connaît son intérêt. Les liqueurs, le jeu, les femmes, voilà à quoi s’attache celui qui désire les plaisirs des sens.