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aux excès de la nourriture et de la boisson, commettent un crime capital.

37. Si, sous l’influence des passions, ils détruisent leur corps qui leur est cher, comment épargneraient-ils celui des autres ?

38. Envers ces hommes affolés par les passions, acharnés à leur propre perte, loin de manifester de la pitié, on éprouve de la colère : pourquoi ?

39. Si la nature de ces insensés est de faire du mal aux autres, il n’est pas plus logique de s’irriter contre eux que contre le feu dont la nature est de brûler.

40. Si, au contraire, cette tare est adventice, et si les hommes sont naturellement droits, la colère est aussi peu justifiée que contre l’air envahi par une âcre fumée.

41. On ne s’irrite pas contre le bâton, auteur immédiat des coups, mais contre celui qui le manie ; or cet homme est manié par la haine : c’est donc la haine qu’il faut haïr.

42. Jadis, moi aussi, j’ai infligé aux créatures une pareille souffrance : donc je ne reçois que mon dû, moi qui ai tourmenté les autres.

43. Son épée et mon corps, voilà la double cause de ma souffrance : il a pris l’épée, j’ai pris le corps ; contre qui s’indigner ?

44. C’est un abcès en forme de corps que je me suis donné là, un abcès qui souffre du moindre