Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en contact avec d’autres causes, comment ce qui est immuable pourrait-il agir ?

30. S’il est, au moment de l’action, ce qu’il était auparavant, quelle action pourrait-il exercer ? « Son action propre », dit-on ; mais dans ce complexe de causes, lequel des deux éléments est la cause ?

31. Ainsi tout dépend d’une cause ; et cette cause aussi est dépendante. Contre des automates pareils à des créations magiques, à quoi bon s’irriter ?

32. « Mais, dira-t-on, la résistance non plus n’est pas possible : qui résisterait et à quoi ? » Si, elle est possible ! Puisqu’il y a enchaînement des causes, il y a possibilité d’abolir la douleur.

33. Donc si l’on voit un ami ou un ennemi tenir une conduite répréhensible, il faut se dire : « Ce sont ses antécédents qui agissent », et garder sa sérénité.

34. S’il suffisait à tous les hommes de désirer pour réussir, personne ne souffrirait : car personne ne souhaite la souffrance.

35. Par irréflexion, par colère, par convoitise d’objets inaccessibles, tels que la femme d’autrui, les hommes se déchirent aux ronces, souffrent de la faim et s’infligent toutes sortes de tortures.

36. Il en est qui ont recours au suicide : ils se pendent, se précipitent, s’empoisonnent, se livrent