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ni braves, ni intelligents ; comment ai-je pu devenir leur esclave ?

29. Embusqués dans mon cœur, ils me frappent à leur aise, et je ne m’en irrite même pas ; fi de cette absurde patience !

30. Si j’avais pour ennemis tous les dieux et tous les hommes ensemble, ils seraient incapables de me traîner au feu de l’enfer.

31. Mais les Passions, ces ennemis puissants, me jettent en un clin d’œil dans un feu, au contact duquel le Meru34 fondrait sans même laisser de cendres.

32. Aucun autre ennemi n’a une vie aussi longue, que la très longue vie, sans commencement ni fin, de mes ennemis les Passions.

33. Tout homme fidèlement servi veille au bien de son serviteur : mais les Passions, à qui les sert, ne réservent que le comble du malheur.

34. Leur haine est constante et vivace ; elles sont la source unique du torrent des misères ; et elles habitent dans mon cœur. Comment pourrais-je jouir en paix de la vie ?

35. Gardiennes de la prison de la vie, bourreaux des coupables dans l’enfer et les autres lieux de punition, si elles se tiennent dans la maison de mon esprit, dans la cage de mon désir, comment goûterais-je le bonheur ?

36-38. Donc je ne déposerai pas le harnois avant