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fatigue, le sommeil, les accidents, les relations stériles avec les sots : il est ardu d’y atteindre le discernement. Où trouver, au milieu de tout cela, le moyen de refréner l’habitude de la dissipation ?

162-163. Là, Mâra s’efforce de nous précipiter dans les enfers. Là, les mauvaises destinées sont nombreuses ; la perplexité est invincible. Et il est bien difficile d’obtenir à nouveau l’instant opportun, l’apparition d’un Buddha ; difficile d’endiguer le torrent des passions. Ah ! quelle succession de douleurs !

164-165. Hélas ! qu’ils sont à plaindre ces malheureux entraînés par le torrent de la douleur, qui ne voient pas leur triste condition et qui n’en sont que plus infortunés ! Comme celui qui chaque fois qu’il s’est baigné entrerait dans le feu, ainsi, en croyant que leur condition est bonne, ils ne font que l’empirer.

166. Agissant comme s’ils ne devaient ni vieillir ni mourir, ils se trouvent en butte à de terribles calamités, la mort en tête.

167. À ces hommes tourmentés par le feu de la douleur, quand pourrai-je apporter l’apaisement par des pluies de bonheur issues du nuage de mes mérites ? Quand pourrai-je, au moyen de la vérité apparente, enseigner la Vacuité à ceux qui croient à l’existence réelle, leur enseigner avec soin l’approvisionnement du mérite spirituel affranchi de toute foi dans la réalité des choses !