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le « conducteur de l’attelage humain » (purusha-damyasârathi). Ce voyage suppose naturellement des voitures ou des bateaux, en un mot des « véhicules » (yâna). Il y en a deux principaux : celui des Auditeurs et celui des Bodhisattvas, ou — comme les nomment de préférence les adeptes du dernier — le « Petit Véhicule » (Hînayâna) et le « Grand Véhicule » (Mahâyâna). Ils ne mènent pas leurs voyageurs à la même destination : l’un les conduit à la paix du Nirvana, l’autre, par la pratique de la charité, à l’état idéal de Buddha sauveur du monde. C’est à l’Église mahâyâniste qu’appartenait l’auteur du Bodhičaryâvatâra, Çântideva.

Nous ne connaissons malheureusement rien sur cet homme remarquable, car le récit que Târanâtha nous donne de sa vie n’est que l’écho d’une tradition hagiographique où l’histoire n’a sans doute qu’une faible part[1].

D’après cette tradition, Çântideva vécut au temps de Çila, fils de Çri-Harsha. Il était fils d’un roi du Surâshṭra. La veille du jour où il devait recevoir le sacre royal, il vit en rêve le bodhisattva Mañjuçrî et la déesse Târâ : Mañjuçrî, assis sur le trône, lui remontra qu’il n’y avait

  1. Târanâtha, Geschichte des Buddhismus, trad. Schiefner, pp. 146, 163-168.