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107. S’il en est ainsi, il n’y a pas « enveloppement » : comment donc y aurait-il deux vérités ? Ou bien si cet « enveloppement » est créé par un autre, comment les êtres arriveraient-ils au Nirvâṇa ?

108. L’être en état de Nirvâṇa existe par l’imagination d’autrui, non par sa propre illusion. Là où il y a un effet déterminé postérieurement, il y a « enveloppement » ; le premier faisant défaut, le dernier n’existe pas.

109. L’imagination et la chose imaginée reposent l’une sur l’autre. Toute critique s’appuie sur ces données empiriques.

110-111. — Mais si la critique critiquée critique à son tour, c’est un cercle vicieux. — Non : car la critique de ce qui est critiquable une fois faite, il n’y a plus de point d’appui pour la critique ; faute de point d’appui, elle ne se produit plus : c’est ce qu’on appelle le Nirvâṇa.

112-114. Mais celui qui admet comme vraie cette dualité est en fort mauvaise posture. Si en effet l’objet procède de la connaissance, comment expliquer celle-ci ? Si la connaissance procède de l’objet, comment expliquer celui-ci ? Si ces deux éléments procèdent réciproquement l’un de l’autre, ni l’un ni l’autre n’existe. Par exemple : s’il n’y a pas de père sans fils, comment le fils naît-il ? Or