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pensée elle-même, alors qui voit et que voit-il ? Car le Buddha a dit : « La pensée ne voit pas la pensée ; l’esprit est comme le tranchant du sabre, qui ne se coupe pas lui-même. »

18b-19a. — Elle s’éclaire elle-même comme une lampe. — Une lampe ne s’éclaire pas elle-même, puisqu’elle n’est pas obscure.

19b-23. — Nous voulons dire qu’elle est lumineuse par elle-même. Le bleu, pour être bleu, ne dépend pas d’un autre bleu, à la différence du cristal. Ainsi certaines choses sont indépendantes, d’autres dépendantes. — Le bleu n’est pas indépendant, car s’il n’était pas bleu, il ne le deviendrait pas par lui-même. L’intelligence constate et affirme que la lampe éclaire. Mais qui donc constate et affirme que l’intelligence éclaire ? Lumineuse ou obscure, puisque l’intelligence n’est vue par personne, il est aussi vain d’en parler que de la coquetterie de la fille d’une femme stérile.

24. — Mais s’il n’y a pas conscience de soi, comment peut-on se souvenir de sa connaissance ? — La mémoire vient de l’association avec un objet extérieur, — comme le poison du rat55.

25. — Puisqu’on voit la pensée d’autrui lorsqu’elle est mise en relation avec différents facteurs (prescience, clairvoyance surnaturelle), ne peut-on voir aussi sa propre pensée ? — Non : la jarre ca-