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141. « Quoi ! Celui-là est bien traité, et moi non ! je ne gagne pas autant que lui ! Il est honoré et je suis méprisé ! Je souffre pendant qu’il est heureux !

142. « Je travaille tandis qu’il se repose ! — Il est grand, dites-vous, en raison de ses qualités, et je suis petit parce que je n’en ai pas.

143. « Mais comment concevoir un homme dépourvu de qualités ? Tout le monde a les siennes. Il est des gens à qui je suis inférieur ; il en est d’autres à qui je suis supérieur.

144-145. « Si ma vertu ou ma doctrine laisse à désirer, c’est la force des passions qui en est cause et non ma volonté. Il faut m’en guérir si c’est possible ; j’accepte les souffrances du traitement. Si ce Moi me juge incurable, pourquoi me méprise-t-il ? Que m’importent ses qualités si elles ne profitent qu’à lui-même ?

146. « Il n’a pas même de compassion pour les pauvres gens tombés dans la gueule de l’Enfer ; et pourtant, dans l’orgueil de ses qualités, il prétend surpasser les sages !

147. « S’il se reconnaît un égal, il s’efforce de le surpasser ; au besoin il lui cherchera querelle pour assouvir sa cupidité et son ambition.

148. « Plaise au ciel que mes qualités jouissent d’une célébrité universelle, et que des siennes, quelles qu’elles soient, on n’entende parler nulle part !