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« César était un homme comme il faut ». Évidemment M. Royer-Collard ne prenait pas le « comme il faut » dans le sens que lui donnent les couturières et les concierges. Il voulait dire que César était l’homme nécessaire, l’homme complet qui a toutes les qualités d’un gouvernant, l’able man que Carlyle rêvait, à ce moment-là, dans sa petite maison de Chelsea, et dont il offrait au monde deux échantillons dans la personne d’Olivier Cromwell et dans celle du grand Frédéric. Quand on a la chance de rencontrer cet homme-là, de quelque nom qu’il s’appelle, il faut se donner à lui et voiler la statue des lois. Telle est l’idée qui s’ébauchait dans l’esprit de Mérimée, au spectacle des corruptions du suffrage restreint et des aberrations du suffrage universel. L’anarchie de 1848 précisa l’idée, et la constitution de 1852 la réalisa. En 1845, Mérimée n’en était pas encore là, mais il voulait faire de la vie de César son « maître livre ». Cela était si bien entendu que M. Etienne pouvait lui dire en le recevant à l’Académie : « Que ne devons-nous pas attendre de cette histoire du conquérant des Gaules, que vous nous avez pro-